« Je marche sur une fine poudre grise, presque blanche, et mes pas s’enfoncent moelleusement à la surface du sol. Cette poussière légère enrobe rapidement mes chaussures rouges. Je butte sans cesse sur des petits bouts de troncs verticaux calcinés, très durs qui ne se plient pas. Ailleurs, cette pierre habituellement blanche, ridée, sèche et solide est roussie, noircie et se brise sous mes pieds et me fait aussi perdre l’équilibre. La vie s’est absentée. Un sentiment étrange de non-vibration, un choc qui secoue la vie. »
Après le feu…
L’art sort le sujet des Mégafeux, synonyme de destruction totale, du reportage journalistique pour l’emmener dans le sensible, dans un espace-temps lent, celui de la photographie, qui permet de voir, de parler, de réfléchir et par ce cheminement de sortir de l’état de la sidération pour passer à celui de la conscience.
Les lieux définissent des territoires ayant chacun une organisation humaine, animale et une végétation spécifique. Chacun de ces territoires possède un « profil » photographique, lorsque le feu est passé, il en reste le « squelette ». Si les reportages sur les incendies informent, fascinent, effrayent, ils ne permettent pas toujours de prendre la dimension du problème. L’art est un médiateur puissant, une porte d’entrée qui permet d’aborder le sujet sous tous ces aspects.